mardi 13 octobre 2009

Grand Herbier d'Ombres de Lourdes Castro

Le Centre culturel Calouste Gulbenkian rend hommage à Lourdes Castro en présentant le Grand Herbier d’Ombres réalisé sur l’Île de Madère en 1972.


(Canna indica, Lourdes Castro)

Dans sa recherche plastique sur les possibilités de représentation de l’ombre, l’artiste portugaise a enregistré les ombres d’une centaine de différentes espèces botaniques fixées, directement sous le soleil, sur du papier héliographique. Lourdes Castro atteint dans ce travail un moment de beauté absolue, décisif dans son projet de dématérialisation du réel.

(Asplenium adiantum, doradille noir, Lourdes Castro)

L'exposition :
La présentation à Paris du Grand Herbier d’Ombres a une signification en quelque sorte symbolique et unificatrice. Elle relie deux temps et deux géographies – ses deux villes, Paris, où elle a vécu pendant 25 ans et où elle a commencé sa recherche
plastique sur la représentation des ombres, et Funchal (Île de Madère), lieu de sa naissance et lieu de découverte où, pendant l’été 1972, elle a développé ce travail artistique.

(Orchidacées, Lourdes Castro)

Elle relie également la phase d’initiation au temps de la sagesse. Elle reflète une grande maturité plastique, tout en nous transportant dans un temps d’émerveillement, celui de l’enfance. Objet d’une apparente clarté conceptuelle, l’Herbier est réalisé après la traversée d’une phase intense d’expérimentation plastique des possibilités de représentation de l’ombre (à partir de 1961).


(Louva a deus, Lourdes Castro)


(Vitis vinifera, raisins, Lourdes Castro)

L’objet lui-même est un vrai Herbier à plantes, scientifique et méticuleux, organisé sous forme de livre ou de catalogue où sont présentées les ombres projetées d’environ 100 différentes espèces botaniques. L’artiste a développé son travail de manière naturelle, stimulée par les retrouvailles de ce monde naturel et magique, et à partir du souvenir de ses premiers essais de sérigraphie (1962), lorsqu’elle obtint les premières ombres projetées d’objets. La singularité de l’objet d’art Grand Herbier d’Ombres se situe sur le plan de la convocation d’images de la vie, dans un dialogue imaginaire entre l’objet et son double, le corps et l’âme, le réel et le magique. La ligne incertaine qui sépare le monde clair de la réalité invisible. Dans les pages de cet Herbier et dans les ombres de chacune des plantes y représentées, nous voyons beaucoup plus que leur traits. Leur pouvoir évocatoire d’autres images nous place sur le territoire éblouissant de l’utopie.

(Strelitzia reginae, Lourdes Castro)


La vie de Lourdes Castro :
Lourdes Castro est née en 1930 à Funchal, sur l’archipel portugais de Madère. Elle effectue des études de peinture à l'École des Beaux-arts de Lisbonne avant de quitter le Portugal pour Munich et puis Paris où elle crée avec son mari, le peintre René Bertholo, la revue expérimentale KWY (1958-1963) et le mouvement du même nom auquel s’associent l’artiste bulgare Christo, l’artiste allemand Jan Voss et des artistes portugais tels que Costa Pinheiro, Escada, Gonçalo Duarte et João Vieira. Lourdes Castro participe en 1959 à la première Biennale de Paris. Au début des années 1960, elle commence à abandonner l’abstraction lyrique ayant jusqu’alors marqué son travail et se rapproche des idées des Nouveaux réalistes. Elle crée des collages d’objets du quotidien en assemblant des biens de consommation, souvent récupérés dans les déchets, porteurs de souvenirs d’un monde inhabité, dans des boîtes et en les peignant en teintes argentées.
La création de ces objets réveille l’intérêt de Lourdes Castro pour les ombres et la représentation de ces contours dématérialisés, signes paradoxaux de la présence matérielle. Elle commence à apposer des silhouettes de ses amis sur des toiles et développe cette technique avec l’utilisation du plexiglas, soulignant encore davantage la fusion complexe et contradictoire de l’objet dans une dimension immatérielle. Ses silhouettes peintes sur plexiglas, découpées ou brodées sur des draps, introduisent une nouvelle dimension dans le pop art, par une sorte de dialectique de présence-absence de l'image. L’artiste anime ces silhouettes dans les spectacles qu’elle réalise à partir de 1966, notamment dans son théâtre d’ombres. Après un séjour à Berlin entre 1972 et 1973, elle se consacre de plus en plus à ces actions inspirées de la tradition chinoise et des happenings et présente ses spectacles à Paris, Berlin, Anvers, Amsterdam, Aix-la Chapelle, Hanovre, Caracas, Lisbonne, Porto, Triste, Mantova, Munich, Strasbourg, Vénice, Frankfurt et São Paulo. Lourdes Castro retourne sur l’Île de Madère en 1983 où elle vit et travaille aujourd’hui.

Lourdes Castro et la Fondation Calouste Gulbenkian :
Lourdes Castro est représentée dans la collection du Centre d’Art moderne José de Azeredo Perdigão (CAMJAP) de la Fondation Calouste Gulbenkian de Lisbonne avec cinq peintures, un objet-peinture, deux sculptures, quatre dessins, deux gravures et un objet-textile. Le CAMJAP a consacré pour la première fois une exposition au Grand herbier d’ombres en 2003. Les liens entre l’artiste et la Fondation remontent cependant à 1958 quand Lourdes Castro obtient une bourse de la Fondation Calouste Gulbenkian pour ses études de peinture.

Infos pratiques :
Commissaire de l’exposition : Helena de Freitas.
En collaboration avec le Centre d’Art moderne José de Azeredo Perdigão / Fondation Calouste Gulbenkian.
Du 14 octobre au 12 décembre 2009. Entrée libre.
Centre culturel Calouste Gulbenkian, 51, avenue d’Iéna, 75016 Paris
Accès : métro Etoile, Kléber ou Iéna, bus 30, 31 ou 92
Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi, de 9 h 00 à 17 h 30. 
Renseignements au tél. : 01 53 23 93 93.
Site : www.gulbenkian-paris.org

Aucun commentaire: